DECEMBRE 1591.                               223
Le mardi 17 decembre 1591, François Liberati. mathématicien, fust pendu et estrangle à Paris, et son corps bruslé, pour avoir ce qu'on disoit) escript des lettres au Roi contenantes conspiration et trahison; avoir composé libelles'diffamatoires contre l'honneur de Dieu et ministres de son Eglise, et contre les princes et princesses.
Pour le regard de la conjuration, ce sont à moi let­tres closes; mais pour le libelle diffamatoire (qui est une pure fadeze, un mien ami l'aiant recouvert m'en a donné une copie.
Le mardi trente et unième jour et dernier de de­cembre, il neigea à Paris de six doigts d'espais; et dit nostre maistre Hardier, augustin, à M. de Gland, mon beau frere, qu'il avoit observé que depuis que le Roy avoit institué l'ordre des chevaliers du Saint-Esprit, il avoit neigé tous les derniers jours de l'année : observa­tion plus curieuse que proufîtable.
En cest an 1591, M. de Laubespine, evesque d'Or­leans, escrivist une lettre à messieurs de la Faculté de theologie à Paris, par laquelle il se complaingnoit à eux des insolences et injures qui lui avoient esté faites, -et à tous messieurs du clergé d'Orleans, par un-nommé Meldrac, inquisiteur de la foy, que M. de Senlis y avoit envoyé exprés pour remuer mesnage. Entre autres points notables de la dite lettre, il dit qu'il s'estoit in­géré de prescher dans Orleans sans sa permission, et qu'il disoit tout haut qu'il n'en avoit que faire ; qu'il avoit dénigré en chaire de tous leurs curés et prédi­cateurs, les apelans heretiques et prescheurs d'heresies; et entre autres de Burlat, son theologat et pœnitentier. Brief, que jamais les huguenots n'avoient tant fait d'op-
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